Le week-end du 21 et 22 mai, à la salle des fêtes du Lignon, sur la commune de Vernier (Genève), la Boxygène Academy a participé aux championnats suisses romands organisés par le Punch Boxing Club Martigny, l’Olympic Boxing Club Genève et la Vernier Boxing Academy suite à l’annulation du Ring Star de Vernier. Emmené par quatre boxeurs, Ahmed Ben Abdesselem, Arthur Grenno, Hady Tlays et Nilton Varela, Boxygène a ramené deux médailles d’or et une d’argent. Le meilleur palmarès de Romandie à égalité avec le Box Club Biel-Bienne!

Quel week-end! Il faisait très chaud, sans air frais pour nous aider à respirer – à croire que nous étions déjà en plein été. La salle des fêtes du Lignon connaissait une affluence et une ambiance de bon aloi, malgré un mauvais plaisantin qui actionna l’alarme incendie au prix d’une longue perturbation samedi après-midi (la torture sonore d’un message vocal se répétant de façon orwellienne…). Pendant ce temps, quarante-huit combats se sont enchaînés lors d’une compétition marquée par deux knockouts particulièrement réfrigérants chez les poids lourds, une très jolie finale chez les welters entre les clubs rivaux de Bienne et, pour la Boxygène Academy, par des hauts probants et quelques bas qui n’en ont pas vraiment été au final.

Nous nous sommes rendus à ces championnats romands avec quatre de nos boxeurs hommes en élite (19 à 40 ans): Ahmed Ben Abdesselem (2001, -63 kilos), Arthur Grenno (1999, -60 kg), Hady Tlays (2001, -57 kg) et Nilton Varela (1991, -63 kg) entourés par les entraîneurs Stefano Ciriolo, Thibaut Kaeser, Igor Khan et Jean-François Chisse Ramdani. Confiants dans notre préparation, nous abordions cette échéance avec la volonté de répondre «Présent!» sur le ring grâce aux qualités respectives de nos boxeurs, d’autant que les championnats se déroulaient dans notre canton cette année. Une occasion que nous ne voulions rater pour rien au monde, surtout après plus de deux ans de pénible pandémie. Peut-être allions-nous décrocher une récompense chez nous? C’est ce que nous espérions sans le formuler explicitement.

Un cruel dilemme

Samedi commença pourtant très mal. Le tirage au sort à 11h asséna un coup de massue à l’équipe de Boxygène. Au premier tour, dans la catégorie bien fournie des super-légers – ils étaient onze athlètes à se présenter entre 63,5 kg et 60,1 kg –, Ahmed et Nilton allaient devoir s’affronter dès le premier tour. Plus qu’une tuile, une vraie infortune! Que faire?

Le doute nous a étreints, le malaise nous a affectés: quel dilemme cornélien… Mais, après réflexion, concertation et dialogue, nous avons décidé de concert avec les deux principaux concernés que le combat aurait lieu sans que les coups soient appuyés à 200%. Une décision difficile qui n’a pas manqué de nous ronger les sangs. Que peut bien signifier: «Que le meilleur gagne» dans une telle configuration?

Lors du troisième combat de la journée de samedi, Ahmed et Nilton ont ainsi signé une prestation que l’on définira entre du light-contact viril et un sparring de boxe olympique, mettons à 80% au maximum. Une attitude et un respect mutuel qui ont favorisé beaucoup de travail technique de la part de nos compétiteurs. Les quatre entraîneurs étaient répartis dans les deux coins et les conseils allaient aussi bien pour l’un que pour l’autre. Tous Boxygène!

Enfin, c’est le cœur serré que Nilton a remporté la partie en 3×2 minutes par 5 juges à 0. La frustration était grande. Mais, au prix de sueurs et d’estomacs noués, nous avons eu au moins la satisfaction de constater une réalité: notre cohésion de club a tenu la route. Cette épreuve morale et relationnelle a renforcé notre groupe. C’est notre seule victoire et elle est collective.

Arthur titré déjà samedi

Puis, lors du quinzième affrontement de la journée, c’était au tour d’Arthur d’affronter une vieille connaissance, Samuel Girardier (2000, Fight Move Boxe Academy/Neuchâtel), qui a déjà défié deux de nos boxeurs dans un passé récent, Rayan Outbih et Hady Tlays, et que nous avons toujours plaisir à retrouver.

En 3×3 minutes, le combat a été dur et fair-play des deux côtés. Arthur a maîtrisé le premier round en travaillant à distance, usant de sa technique sur la base de meilleurs appuis. Samuel est revenu dans le second, brisant les écarts avec punch suite à un corps-à-corps au cours duquel Arthur a fait parler sa force avec des attaques aux flancs très intéressantes. Enfin, la troisième et dernière reprise fut très disputée, tendue, périlleuse. La gestion du ring du boxeur de Boxygène a dû faire face à la ténacité d’un adversaire neuchâtelois qui a beaucoup progressé sous l’égide de l’entraîneur François Furtade, que nous saluons.

Allions-nous gagner in extremis? Ou perdre sur le fil? Finalement, les juges nous ont donné une victoire très serrée par trois voix contre deux. Avec un hommage respectueux d’Arthur pour son adversaire, une attitude qui l’honore. Santé Sam! Entre-temps, nous nous réjouissions déjà de la finale qui attendait Arthur le lendemain. Mais, hélas, nous avons dû déchanter après plusieurs heures…

Samedi en début de soirée, sur le coup des 19 heures, Arthur avait déjà remporté le titre romand des poids légers. Pour quelle raison? L’autre finaliste, Gabriel Tomàs (2000, Punch Boxing Club/Martigny) – également une vieille connaissance étant donné qu’Arthur et Gabriel se sont déjà rencontrés entre les cordes à cinq reprises, avec un avantage de trois victoires à deux pour le boxeur de notre Academy –, n’était pas en mesure de se présenter sur le ring suite à une demi-finale houleuse contre un adversaire justement disqualifié pour un coup scandaleusement donné après le gong.

C’est dommage, car une sixième confrontation entre Arthur et Gabriel aurait été du meilleur tonneau entre deux techniciens qui, quand ils se retrouvent l’un en face de l’autre, présentent une belle boxe appréciée du public.

Nilton en démonstration

Pour la journée du samedi, nous avions cependant un autre lot de consolation. Grâce à la prestation exemplaire de Nilton lors de son deuxième combat, à nouveau en 3×2 minutes. Il affrontait cette fois Philippe Abate (2001, Boxing Club d’Octodure/Martigny) que nous n’avions pas recroisé depuis 2019, ce qui semble une éternité vu tout ce qui s’est passé avec la Covid-19.

Jouant de son allonge, de la dextérité de son jeu de jambes, de sa boxe leste, précise et puissante le cas échéant, Nilton a signé un combat qui, à plus d’un moment, a tourné à la démonstration. Philippe Abate, compté trois fois, a eu le mérite de ne jamais lâcher le morceau. Mais notre boxeur était clairement en pleine possession de ses moyens, comme si les frappes et les enchaînements qu’il avait retenus avec Ahmed étaient désormais pleinement lâchés. Victoire par 4 juges à 1 sous les applaudissements.

Il était alors temps pour l’équipe de la Boxygène Academy, boxeurs, entraîneurs et supporters dont deux de nos autres pratiquants, Carlos et Manesh, de rentrer à la maison pour se reposer après une longue journée exténuante, notamment en raison de l’affrontement initial entre Ahmed et Nilton. Merci à eux. Malgré tout. Pour leur camaraderie et pour leur respect inconditionnel.

La droite en souffrance de Nilton

Hélas, après une courte nuit de sommeil, dimanche commençait à nouveau fort mal. Sorti de son deuxième combat avec des douleurs aux cuisses, Nilton avait désormais la main droite en souffrance. Il a fallu tout le savoir-faire de notre entraîneur Jean-François Chisse Ramdani pour apaiser un tant soit peu les douleurs remontant le long du bras arrière du Nilton. Ce ne fut pas chose aisée, et nous avons été aidés dans cette entreprise par des bandages professionnels prêtés par Zulkani Ademi de Fight Right Biel/Bienne – à lui toute notre reconnaissance! –, cela afin que Nilton puisse boxer avec une main aussi protégée que possible. C’était déjà ça…

Pour son troisième combat, qui équivalait donc à une demi-finale, Nilton s’est retrouvé face à Benjamin Kart (1998) du Club Yverdonnois de boxe. Il a essentiellement employé son direct du gauche à longue, même très longue distance, touchant et bougeant, évitant d’être coincé, et sortant difficilement, dans un premier temps, son bras arrière endolori, ce qui se comprend bien entendu.

Mais, dès la fin du premier round, Nilton a commencé à placer des enchaînements au gré desquels sa droite a pu faire parler la poudre et tester la résistance de Benjamin Kart, au demeurant étonnante. Notre technicien est monté en puissance, en mobilité et en aisance au second, puis au dernier round, se contrôlant sans craindre de mauvaise surprise et réussissant un combat stratégique où il s’agissait de toucher sans être contré (une loi éternelle de la boxe, certes) afin surtout de préserver son bras droit d’ennuis supplémentaires. Verdict unanime, incontestable: 5 juges à 0 pour Monsieur Varela. Nous pouvions souffler même si nous ne doutions pas de cette victoire bien maîtrisée par Nilton. Mais qu’allait-il en être lors de la finale avec une main toujours autant meurtrie?

Le retour de Hady

En attendant, nous avions une finale à préparer. Celle d’Hady Tlays, notre champion suisse jeunesse poids plumes en 2019. Curieusement, cette année aux championnats romands, il y avait peu de 57 kilos sur la balance lors de la pesée. Notre boxeur s’est ainsi directement retrouvé en finale face à Léon Andrey da Silva (1999, Fight Move Boxe Academy). Et ce fut un plaisir de retrouver notre Hady – la redoutable «mante religieuse»!

Durant trois fois trois minutes, entre intensité et attente, Hady a usé de ses crochets longs comme il les aime et sait les harponner. Frappes à la tête, coups au corps, enchaînements ravageurs: une marque de fabrique qui s’est améliorée, qui peut et doit encore l’être. Gourmand par instants, au point de se rapprocher au lieu de maintenir l’écart défensif entre son adversaire et lui, Hady était d’attaque, déstabilisant son vis-à-vis qui, malgré une capacité d’encaissement remarquable, vacillait, compté, en définitive dominé.

Maintenant une garde hermétique, bloquant avant de sortir ses assauts destructeurs à deux bras, Hady a démontré une volonté de bien faire qui atteste son regain d’appétit du ring. Ses larges crochets du bras avant comme du bras arrière savent étouffer ses adversaires. La «mante religieuse» de la Boxygène Academy a frappé! Les juges ne se sont pas trompés en lui donnant une victoire nette de 4 juges à 0. Avec les hourras de l’assistance dans laquelle on peut percevoir des regards aussi intrigués que séduits par le style peu orthodoxe d’Hady. En mars 2019, il devenait champion suisse jeunesse. En mai 2022, il devient champion romand élite. Toujours en poids plumes. En novembre prochain? Eh bien rendez-vous aux championnats suisses, à Genève à nouveau!

La finale de Nilton

Il restait enfin une dernière finale, par ailleurs l’ultime combat du week-end. Celle de Nilton contre Kylian Mesa (1998) du Boxe Club Villars sur Glâne. Elle eut lieu sur le coup des 18h et quelques. Nilton était désavantagé par sa main droite, qui lui faisait toujours mal, mais il serra les dents et les poings, déterminé à aller jusqu’au bout. Il fut cependant gêné par son adversaire, un pugiliste de talent qui dévoila une boxe contraire à celle qu’il a coutume de pratiquer.

Kylian Mesa cherchait le corps-à-corps, brouillait le combat, le salissait. On évoluait dans une zone rouge, avec des coups de tête hélas non sanctionnés. Ce n’était pas le combat le plus esthétique du week-end. Mais Nilton s’en sortait bien, tentant vaille que vaille de maintenir la distance, de contenir la pression, de refuser la bagarre, et il plaçait alors de bons coups dans le visage très tuméfié de son adversaire, pourtant pas mal intentionné.

La tension était grande, l’agacement aussi, de même que les interpellations envers l’arbitrage, ce qui valut à un de nos entraîneurs d’être congédié de son coin. Mais comment faire quand la boxe devient à ce point confuse? Le verdict était à craindre: défaite 5 à 0 pour nous. Une décision sévère. Au goût amer. Mais, pour tout dire, ce jugement final ne nous a pas convaincus. Dans de telles conditions et avec une main quasi invalide, Nilton a fait état d’une prestation héroïque, d’autant plus qu’il a livré quatre combats de 3×2 minutes en deux jours. Malgré la colère et l’irritation, cette défaite n’en est pas une pour Boxygène. Qu’on ne se méprenne donc pas: Nilton sera présent aux championnats suisses 2022!

Un bilan général très satisfaisant

Notre week-end aux championnats romands se terminait ainsi. Aussi sur une note incompréhensible: avec deux médailles d’or et une d’argent, nous étions le club le plus titré de Suisse romande, mais la coupe récompensant le champion par équipe alla cependant au Box Club Biel-Bienne. Nos camarades biennois ont le même palmarès que nous, mais leurs deux titres ont été obtenus en jeunesse. Est-ce cela qui a fait la différence? Nous l’ignorons. Passons.

L’essentiel, pour la Boxygène Academy, est d’avoir passé un week-end riche en émotions et en affrontements entiers. Une compétition au cours de laquelle nous avons pu mesurer le travail accompli par nos boxeurs – bravo et merci à chacun d’eux! Un championnat où la coordination accrue entre les entraîneurs a favorisé de meilleures performances et, sur ce point, saluons l’apport essentiel de la science pugilistique de Jean-François Chisse Ramdani. Avec notre esprit de famille en grande vadrouille, notre sérieux qui ne se prend pas au sérieux et notre volonté de présenter la plus belle et complète des boxes possibles, nous le savons de toute façon: l’aventure Boxygène se poursuit de plus belle.

Thibaut Kaeser

Thibaut Kaeser

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