Après à peine un an et demi d’existence, Boxygène Academy a remporté sa première couronne nationale aux Championnats suisse de boxe jeunesse, qui se sont déroulés durant le week-end des 2 et 3 mars à la Dreifachsporthalle Breite, sur les hauteurs de Schaffhouse. Notre boxeur Hady Tlays a en effet été sacré champion suisse jeunesse 2019 (17-18 ans, années 2001-2002) dans la catégorie des poids coqs (-56 à -52 kilos) suite à deux combats intenses.

 Hady «la mante religieuse»

Samedi matin, alors que le soleil n’avait pas encore montré le moindre de ses rayons et que nous traversions le plateau suisse en compagnie du club ami Ring Star Vernier, qui accompagnait son compétiteur Ali Ibrahim, nous ne souhaitions qu’une prestation honnête, affirmée et résolue de nos boxeurs. Mais Hady a dépassé nos espérances en surprenant plus d’un observateur attentif sur les bords du Rhin.

L’après-midi, en demi-finale, Hady a fait face à Mostafa Shamari, du club local organisateur, le Box Club Schaffhausen. Tous deux étaient inexpérimentés avant ce premier combat officiel. Un match équilibré sur le papier, supposions-nous, mais qui s’est révélé passablement différent une fois les deux boxeurs quittant leur coin respectif.

Le premier round a démarré sur les chapeaux de roue, faisant craindre un essoufflement prématuré des athlètes. Mais la situation s’est rétablie et l’opposition a pu se dérouler aussi frontalement que durement. Déterminé, Hady a boxé comme à son habitude, de façon imprévisible et avec un style peu commun: avec son corps filiforme, sa grande taille – 1m79 pour un poids coq, c’est beaucoup – et sa sèche constitution, Hady évoque, quand il boxe, une sorte de mante religieuse pugilistique qui aurait troqué ses pattes, ses «ravisseuses» comme disent les entomologues, par de larges crochets du droit et du gauche assénés à distance. Ceux-ci se sont révélés efficaces au point que la partie adverse, épuisée, décontenancée par la force de frappe de notre boxeur, a jeté l’éponge au second round.

 Un vrai travail de sape

Le lendemain, en finale, Hady a rencontré une opposition bien plus consistante en la personne de Marvin Luigi Guerini (7 combats, 4 victoires, 3 défaites) du Box Club Ascona. Le combat contre ce jeune Tessinois aux capacités techniques très intéressantes fut beaucoup plus disputé à tel point que Swissboxing, la Fédération suisse de boxe, a parlé de cet affrontement «comme s’il s’agissait» d’une lutte «à la vie à la mort» («Als ginge es um Leben und Tod…»).

Hady, concentré sur la stratégie fixée au préalable, est resté décidé, peut-être plus encore suite à l’élimination de son cousin Adam Oualadi dans le combat précédent. Frappes dans les avant-bras, coups au corps, acharnement: ce travail de sape a payé, Guerini étant compté deux fois. Mais si le combat a été chaud bouillant, il n’en a pas moins été imprévisible et en rien unilatéral.

Avec la fatigue, les crochets de Hady n’étaient plus très précis, faisant craindre une éventuelle pénalité. La délivrance est néanmoins venue une poignée de secondes avant que résonne le gong ultime. L’arbitre, Fabian Guggenheim, a choisi de mettre un terme à cette rencontre passionnante… et ce fut une explosion de joie dans les rangs de Boxygène – avec pour conséquence immédiate une séance de gigue improvisée dans la salle de gym voisine où nous nous échauffions auparavant! Magnifique! Hady champion!

 Le tour de chauffe d’Adam

Hady n’était pas le seul membre de Bo2 à prendre part aux Championnats suisse jeunesse 2019. Comme annoncé quelques lignes plus haut, Adam Oualadi était du voyage dans l’extrême nord de la Suisse alémanique. Après un bel automne en light-contact, où il a exprimé ses qualités, libéré sa boxe et fait ses premiers pas sur un ring, Adam est passé en amateur pour ce tour de chauffe où il s’est vu propulsé directement en finale, dimanche après-midi.

C’était un défi pour notre mi-lourd junior (15-16 ans, années 2003-2004). Mais boxer à moins de 80 kilos n’est peut-être pas ce qui convient encore à Adam. De retour de vacances, pas assez en forme, pris par ses études, il a néanmoins pratiqué sa boxe créative, avec des mouvements de bras destinés à brouiller son adversaire. Le jugement final (défaite 5 juges à 0) est un peu sévère, car son combat contre Milos Paunovic du BC Glattbrugg n’a pas été déséquilibré comme le disent les fiches officielles. Peu importe: Adam n’a pas démérité, et ce n’est qu’une première étape probante qui sera suivie de bien d’autres, probablement en poids moyens.

 Ahmed «le Schaffhousois»

Notre troisième compétiteur, Ahmed Ben Abdesselem, n’a pas boxé dans cette catégorie, mais son combat a furieusement fait penser à ces vieilles confrontations en noir et blanc entre poids moyens de choc. Samedi 2 mars, dans l’après-midi, s’est en effet élevé dans l’air schaffhousois quelque chose d’héroïque, comme le parfum d’un autre temps pugilistique, quand les boxeurs se heurtaient front contre front, la rage dans leurs élégants gants Leone tachés de sang.

Pour sa première fois sur un ring, qui plus est dans le canton dont il a la nationalité sur son passeport suisse – un signe du destin –, Ahmed (catégorie welter, -69 kilos/jeunesse) affrontait un rude adversaire, Jan Dietrich, du Box Team Thun Oberland. Doté d’un bon direct du gauche, ce champion de Suisse jeunesse 2017 n’a également pas reculé devant la dureté. Ainsi le combat entre ces deux béliers gantés et casqués a été l’un des plus disputés, si ce n’est le plus, de tout ce week-end schaffhousois.

 L’aventure ne fait que démarrer

Rugueux, âpre, serré, ce Ahmed Ben Abdesselem vs Jan Dietrich a enthousiasmé le public qui a réagi plus que de coutume. Nul temps mort: c’était la mêlée, le marteau et l’enclume à la fois, la guerre les yeux dans les yeux! Aucun des deux pugilistes ne s’est effondré alors que l’intensité et la puissance des coups de part et d’autre ont fait craindre une fin prématurée, qui n’est pas venue.

Finalement, malgré sa vaillance et sa résistance, Ahmed a été déclaré perdant par 5 juges à 0, un verdict qui ne reflète certainement pas la physionomie de la rencontre, surtout si l’on considère l’absence d’énergie de Jan en finale dominicale – l’Oberlandais avait subi un traitement de choc de qui vous savez… Passons. D’autres pages pugilistiques seront écrites par nos trois jeunes boxeurs. Ils nous ont procuré de grosses émotions et une fierté que les lauriers du titre helvétique de Hady ont rendu encore plus belles. Merci à eux pour leur engagement et leur courage. Et merci à celles et ceux qui suivent, participent et supportent l’aventure de la Boxygène Academy.