Il faisait beau et doux dans la banlieue de Zurich, samedi 23 février à Glatbrugg, quartier de la commune d’Opfikon, pour le premier meeting officiel de 2019 auquel a participé la Boxygène Academy. Après deux mois de préparation montant gentiment en puissance, quatre de nos boxeurs sont retournés sur le ring. Avec l’excitation légitime et les diverses expectatives qu’une telle reprise peut provoquer au sein de notre club.

Rayan porte chance

Mais, tout d’abord, un rappel nécessaire de ce qui s’est passé une dizaine de jours avant Noël 2018. Rayan Outbih (catégorie élite/-60 kg) avait très bien terminé son année pugilistique jeudi 13 décembre sur la plaine de Plainpalais. Dans le cadre à la fois classe, rétro et populaire du Cirque de Noël – un événement qu’on aimerait vivement revoir au cœur de Genève! –, Rayan a livré un combat imparable en ouverture de rideau d’une longue rencontre de boxe, où le professionnel helvético-rwandais Patrick Kinigamazi défendit sans trop d’encombres son titre mondial WBF en super-plumes contre l’Ecossais Jordan McCorry.

Son adversaire Anthony Christin du Club pugilistique Carouge, l’organisateur de cette soirée très suivie, a été pris de court, d’emblée dépassé par le travail efficace de notre compétiteur. Avec des enchaînements du direct du gauche et du crochet du droite, parfois entrecoupés d’un uppercut tranchant, Rayan n’a laissé aucune chance à son adversaire, compté au premier round avant que ses entraîneurs jettent un linge blanc à la place d’une éponge au milieu de la seconde reprise. C’était net, sans bavure et très bon pour la confiance.

Cela l’a d’autant plus été deux mois et dix jours plus tard. Rayan porte chance! Inaugurant à nouveau le meeting, cette fois à Glatbrugg, il s’est imposé face à Maico Sandoval du Boxing club Bajrami de Lucerne. Le combat était plus équilibré, mais la marche en avant constante de notre boxeur, concentré, confiant, conquérant, ne précipitant rien, n’a pas vraiment laissé place au doute. Victoire 3 juges à 0. Rayan avait très bien fini 2018 et commençait 2019 dans une forme comparable! Avec désormais cinq combats (à vrai dire quatre, le premier étant le résultat d’un malheureux concours de circonstance) et un bilan appréciable en seulement une année de pratique officielle de boxe. Et l’année ne fait que commencer…

Le retour d’Arthur

Hormis Hady Tlays, qui participait à un match d’exhibition avant de s’illustrer aux Championnats suisse à Schaffhouse une semaine plus tard (voir notre article précédent), Nilton Varela et Arthur Grenno faisaient leur retour sur le ring. Celui d’Arthur était particulièrement attendu, on ne s’en cachera pas. Après une grave et longue blessure au genou, qui l’a tenu éloigné de la compétition durant quasiment une année, Arthur a travaillé courageusement pour remettre ses bandages et ses gants. Un dur labeur en salle pendant plusieurs mois, entre doutes et efforts, remises en question et progression, assiduité et évolution de style. Qu’est-ce que toute cette sueur allait donner?

Arthur (élite/-60kg) faisait face à une vigoureuse opposition, nous le savions pour l’avoir déjà croisée. Sem Ridai (Box Club Winterthur) avait éliminé de peu notre Nilton en demi-finale du championnat suisse 2018, en novembre dernier à Locarno, avant de s’incliner en finale contre l’excellent Angelo Rafael Peña. Cette reprise était donc un double défi pour Arthur. Mais Sem Ridai fut vif, encore plus que face à Nilton. Il a eu des gestes rapides, des déplacements de chat abyssin, des frappes lestes et précises, et s’est constamment repositionné sans perdre son énergie. Arthur n’a pas ramé, mais la différence de forme, ce qui se comprend après une telle indisponibilité, s’est ressentie et a fait pencher la balance en faveur du boxeur winterthourois au terme de trois rounds pleins – on s’incline et toute notre considération à Sem Ridai!

Malgré les louanges du speaker et les applaudissements des spectateurs, qui se sont levés suite à ce qui fut le plus beau combat de la journée (terminée dans la soirée avec deux combats pro), l’émotion était grande dans les rangs de BO2. Les linges ne servent pas qu’à essuyer le sang, on s’en souviendra. De toute manière, l’important, à ce moment-là, était que la foule ait vu et reconnu un combat amateur de haut niveau. Ce fut le cas avec Arthur Grenno vs Sem Ridai, qui se recroiseront certainement.

Nilton perdant, vraiment?

Il ne restait plus qu’au tour de Nilton Varela d’aller sur le ring. Opposé au sociétaire du Box club Zurich, Leopold Salomon Schwarzbald, fort de plus de quarante combats, notre aimable boxeur a prouvé qu’il n’est pas l’adepte d’un noble art uniquement fait de technique, de jouerie et de mobilité. Oh que non!

Bien que boxant en élite à -64kg au lieu des -60kg à Locarno, Nilton est resté le même avec ses déplacements fluides, ses mouvements dansants, sa légèreté gracieuse. Mais il a aussi su faire preuve de plus de punch, avec davantage d’agressivité et des enchaînements bien plus combattifs. Du coup, son solide et expérimenté adversaire est sorti du ring certes debout, mais avec la face toute rougie.

Si cette rencontre était moins crispante que celle d’Arthur, elle n’en fut pas moins âprement disputée. En concluant à la défaite de notre compétiteur, le jugement (0:3) a néanmoins laissé plus d’un observateur songeur. C’était malgré tout un beau déplacement en terres zurichoises et, à ce titre, nous saluons les organisateurs du Box Ring Zürichsee Horgen pour cette invitation à Glatbrugg, un déplacement qui ne nous a pas laissé insensibles.

Troisième combat face à Gabriel Tomàs

Deux semaines plus tard, samedi 9 mars, l’équipe de Bo2 remontait sur le ring après la joie ressentie aux Championnats suisse jeunesse à Schaffhouse. Cette fois, pas de déplacement en bus ou en voiture. Nous restions à Genève, à l’hôtel Ramada encore, dans le quartier industriel de La Praille, pour un meeting organisé par le Boxing club genevois. Sous la houlette de Samir Hotic, plusieurs combats pros promettaient, dont celui d’Ornella Domini, qui a reconquis la ceinture européenne EBU en welter, et celui pour la couronne suisse des mi-lourds entre Nika Smoian, un boxeur du cru, et Bruno Tavares, de Villars-sur-Glâne.

Mais, avant ce clou de la soirée, Arthur a retrouvé Gabriel Tomàs. Précédemment, il avait déjà boxé ce membre du Boxing club Martigny de Domenico Savoye à deux reprises pour un score d’une victoire partout. Durant cette soirée genevoise, Arthur a fait montre d’une fermeté plus grande sur ses appuis. Ses coups, peu nombreux – jamais plus de trois – mais puissants, atteignant toujours leur cible, notamment les crochets, ont été déclenchés avec une vitesse dominatrice. La maîtrise du combat était acquise dès les premières secondes. Tout augurait d’une rencontre parfaitement maîtrisée. Le sort en décida cependant autrement.

Après 2 minutes et 15 secondes, Gabriel Tomàs se tordit le genou. Il se retrouva à terre en se tenant la jambe, avec une grimace qui ne présageait rien de bon. Rencontre arrêtée par l’arbitre. Et, fatalement, la main levée en faveur d’Arthur! Une victoire frustrante parce que prématurée? Même pas. Le combat était pleinement entre les mains de notre boxeur, prudent et plein d’allant, et même s’il fut écourté, sa physionomie allait dans le sens du succès d’Arthur. Nous n’étions pas soulagés. Simplement heureux devant l’évidence. Et une telle évidence fait beaucoup de bien.

Ahmed à l’assaut

Il restait encore à Ahmed Ben Abdesselem de patienter dans les vestiaires, où nous avions vue sur le stade de la Praille. En tant qu’amateur, notre -69kg jeunesse eut l’honneur et le plaisir de boxer entre deux combats pros, après Ornella Domini et juste avant Arber Ibishi. Une semaine après sa prestation remarquable à Schaffhouse, il en remontra à ceux qui croient que seuls les professionnels pratiquent la soi-disant «vraie boxe» – triste préjugé qui n’aide pas à faire progresser le noble art en Suisse…

Face à Malik Diarra (Boxing club genevois), Ahmed est reparti à l’assaut avec beaucoup de cœur et la volonté d’en découdre qu’on lui connaît déjà. Les trois reprises furent très soutenues, à nouveau, ce qui est une des caractéristiques avec Ahmed. Dans l’adversité, plus encore la souffrance, il a pu engranger davantage d’expérience, notamment sur le plan du mental et sur celui de la résistance.

Quant aux supporters groupés de la Boxygène Academy – un grand merci à eux! – présents au meeting, ils ont donné de la voix comme rarement, ce qui les a nettement démarqués d’autres fans, qu’il s’agisse de ceux qui étaient aphones sans avoir ouvert la bouche du meeting ou de ceux qui se sont révélés fort peu amènes au terme de la soirée.

Le bloc des voix pro-Bo2 fut néanmoins quelque peu désorienté à l’annonce du jugement d’Ahmed. Match nul. Il n’y avait en tout cas rien de zéro dans cette égalité-là. Le coin Boxygène l’a d’ailleurs vécue et comprise comme une victoire de la persévérance et de la rage d’Ahmed, épuisé mais souriant d’avoir tout donné.

La prochaine échéance pour notre club? Trois meetings sont d’ores et déjà agendés avec plusieurs de nos boxeurs. D’abord à Nyon le 30 mars. Puis, en avril, à Martigny (le 6) et à Palézieux le samedi de Pâques (le 20). Rendez-vous est pris!

Thibaut Kaeser

Thibaut Kaeser

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